quarta-feira, 28 de setembro de 2005

Irmão Alois de Taizé

De um artigo de Henri Tincq, hoje publicado no jornal Le Monde:

"(...) Frère Alois est l'un de ces enfants de Taizé, comme on dit au cirque qu'il y a des enfants de la balle. A 16 ans, il y vient pour la première fois et apprend le français dans les psaumes. "J'ai découvert à Taizé, dit-il, la simplicité d'une prière chantée". A 20 ans, il prend l'habit, à 24, fait ses voeux définitifs : "La présence de Dieu ici est une réalité qui se voit partout. Je sentais qu'il me prenait tout".
La même année 1978, Alois Löser est en voyage avec Roger Schutz à Nairobi (Kenya), où ils partagent la vie d'un bidonville, puis à Johannesburg (Afrique du Sud), où le prieur de Taizé a été appelé par Desmond Tutu à témoigner contre l'apartheid. C'est là que Roger désigne Alois comme son successeur. Pendant vingt ans, le secret sera gardé. Ce n'est qu'en janvier 1998, lors du conseil annuel, qu'il demande à ses cent frères d'ouvrir une lettre cachetée qui n'aurait dû être lue qu'après sa mort, dévoilant le nom d'Alois.
Que Frère Roger ait jeté son dévolu, si tôt, sur ce jeune homme de 24 ans ­ qui avait alors pour seul mérite de venir d'une famille émigrée de Sudètes dans la Tchécoslovaquie d'avant-guerre ­ et qu'il n'ait jamais varié, personne ne l'explique, mettant ce choix au compte du don de prescience de tous les mystiques. On pense au récit biblique où Dieu va chercher le plus humble des douze fils de Jessé pour succéder au roi Saül et en faire le grand David.
Agaçant Taizé. Cette façon, depuis la fondation, en 1940, de ne jamais rien faire comme les autres. De réussir une succession sans drame, à l'heure du plus grand drame. Cette certitude intérieure des frères qui leur met toujours le sourire aux lèvres, mais qui ne ressemble jamais à de l'arrogance. Cette façon de cacher même leur identité confessionnelle, de sembler ignorer les jeux du pouvoir et de l'ambition et de se laisser conduire par le seul lexique des mots de "confiance", "bonté" , "simplicité" , "fidélité" . Cette façon, enfin, d'exprimer leur foi qui a passé toutes les modes et les générations depuis soixante ans et attire encore des jeunes du monde entier, venus chercher un sens ou une consolation, un secours et un peu d'amour.
C'est peut-être cela qui a suscité l'appel, précoce et mystérieux, d'Alois Löser. Cet homme est un roc, symbolique de la force tranquille de Taizé, de cette assurance que sa propre aventure le dépasse, qu'il est conduit par un autre que lui-même : "Laisser faire Dieu. Croire qu'il est là dans l'histoire du monde, comme dans celle de notre communauté."(...)

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